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LES RENDEZ-VOUS CULTURELS MÉRIDIONAUX
Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir

Jean Hugo, entre ciel et terre

Jusqu’au 13 octobre au musée Paul Valéry à Sète


Jean Hugo, le regard magique

Jusqu’au 13 octobre au musée Fabre à Montpellier


En toute intimité : Jean Hugo et Lunel

Jusqu’au 22 septembre au musée Médard à Lunel


Nourri dès l’enfance des trésors de la bibliothèque familiale, imprégné des œuvres de Manet, Renoir et Forain collectionnées par ses illustres aïeuls, le jeune Jean Hugo, né en 1894, se lance en autodidacte dans la peinture. Sa grand-mère, dreyfusarde, reçoit Jean Jaurès, Alexandre Kerensky, Marcel Proust, Anatole France… Mobilisé en 1914, il vivra, loin de ces ravissements, l’enfer des tranchées. Une période où l’on devient adulte en un tournemain, arrière-petit-fils de Victor Hugo ou pas. Il y forgera également son trait, dessinant frénétiquement du cœur de la bataille de la Somme à celui de Verdun. Au sortir de la guerre, il fréquente Satie, Radiguet, Picasso, Éluard, Cendrars, Poulenc, Cocteau, qui lui offre en 1926 la scénographie de sa pièce Orphée… Et Carl Theodor Dreyer qui lui confie les décors et les costumes de La Passion de Jeanne d’Arc. Ce régiment de fidèles appréciera l’hospitalité de leur ami dans son mas de Fourques, près de Lunel, où il décide de se retirer, jugeant la vie parisienne futile et vaniteuse. « Paris ne s’intéressait qu’à sa propre faune, aux entre-dévorements plus féroces que ceux des mantes religieuses », écrira-t-il dans ses Carnets (Actes Sud) avant sa disparition en 1984.


Les 3 musées se sont réparti 3 périodes de cet artiste complet. Sète organise son exposition autour d’une centaine d’œuvres représentatives de sa vision de la nature. Montpellier présente 330 œuvres des origines de sa peinture, en 1914, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Lunel montre le peintre au mas de Fourques où il vécut un demi-siècle dans une intimité presque monacale, non loin de la Camargue.


Musée Paul Valéry : 148 rue François Desnoyer, Sète

Musée Fabre : 39 boulevard Bonne Nouvelle, Montpellier

Musée Médard : 71 place Martyrs de la Résistance, Lunel

Yuka Matsui – À quoi rêve le mont Saint-Clair ?

Du 1er au 13 juillet 2024

Galerie de l’Échappée belle, Sète


La librairie L’Échappée belle présente dans sa galerie de nouvelles œuvres de l’artiste japonaise Yuka Matsui issues de la série Les trente-six vues du mont Saint-Clair. Utilisant des matériaux contemporains et traditionnels (papier washi du département de Kyoto, encre de Chine, bois de shôji), la créatrice partage avec le public sa vision du mont Saint-Clair. Un sommet semblable à ceux de son pays à l’image du Fuji, à la forme singulière abritant selon elle un kami – un esprit en japonais – flottant entre mer et lagune. Un Saint-Clair qui rêve d’ailleurs sous le pinceau de la plasticienne qui poursuit son dialogue avec cette colline inspirée et inspirante. Après une précédente exposition collective ATENA à Sète, elle sera en résidence d’artiste au Madlab cet été. À L’Échappée belle, elle rencontrera le public lors de signatures de ses livres et échangera en français avec les passionnés d’art, de poésie et de Japon.


Mercredi 3 juillet, une séance de signature se tiendra de 17h30 à 19h

Les ouvrages présentés au public par l’artiste seront Eléments et Poèmes, parus aux éditions Méridianes

Entrée libre et gratuite 

Ouvert du lundi au samedi 9h30-19h, dimanche 10h-13h

Contact : 04 67 43 64 54  

Le site de l’artiste

                   

Librairie L’Échappée belle

7 rue Gambetta, Sète

Malcom de Chazal, rétrospective hommage

Du 5 au 30 juillet

Carré d’Art Louis Jeanjean à Mèze


Découverte en 1947 par le critique et éditeur Jean Paulhan, son œuvre, impossible à cataloguer, fut encensée par les surréalistes. Malcolm de Chazal (1902-1981), artiste de l’Île Maurice, était poète, écrivain et peintre. Ses questionnements le mèneront à écrire de sublimes Pensées, puis des textes de nature philosophique. Une peinture abondante, au style faussement naïf, fera écrire à ce fournisseur en gros de citations : La couleur est un corps de chair où un cœur bat. Il appliqua, par une ascèse quasi mystique—créer est le seul domaine où il faut se déposséder pour s’enrichir— tous les moyens littéraires et plastiques pour questionner les angles morts d’une réflexion que s’évertua à rendre élémentaire… mon cher Malcolm.


Mercredi 3 juillet : vernissage à 18h30

Horaires d’ouverture : jeudi, samedi, dimanche 10h-13h et 15h-18h, accès libre


Carré d’Art Louis Jeanjean

 21 rue Sadi Carnot, Mèze

Psychoses – L’expressionnisme dans l’art et le cinéma

Jusqu’au 15 septembre

Musée de Lodève


Rien de plus recommandable que des sueurs froides en été… Évoquer ces films suffit à être saisi de spasmes convulsifs jusqu’à des haut-le-corps inclusivement. Nosferatu le vampire, Metropolis, Le Cabinet du docteur Caligari… L’exposition du musée de Lodève déterre et ressuscite cet effroi somme toute légitime et sort de l’ombre les œuvres picturales et graphiques qui ont influencé le cinéma expressionniste allemand des années 1920.


28 juin à 20h30 Soirée cinéma : Nosferatu le vampire

Dans le cadre de l’exposition Psychoses, redécouvrez en grand écran au cinéma de Lodève, le film culte Nosferatu le vampire, l’un des premiers films d'horreur paru en 1922. Le film est précédé par une présentation de Sophie Clarinval, guide conférencière au musée de Lodève, pour situer le film muet.

En savoir plus sur le film 

Tarif 5 €, sans réservation, paiement sur place au cinéma

Le film est suivi d'un moment de convivialité autour d’un verre

Cinéma Luteva

Avenue Dr Joseph Maury, Lodève


28-29 juin, 2-3-4-5 juillet à 15h30 : visite guidée de l’exposition Psychoses

Laissez-vous guider dans l’univers expressionniste allemand où peinture, art graphique et cinéma entretiennent une étroite relation. Venez (re)découvrir des films célèbres et emblématiques des années 20 et plongez aux origines des films d’horreur d’aujourd’hui.

Accessible aux PMR
Tarif : 3€ par personne en plus des droits d’entrée
Durée : 45 minutes – Tout public

Réservez votre visite guidée (conseillé)

Musée de Lodève

Square Georges Auric

Festival musique et histoire

Pour un dialogue interculturel

Du 15 au 18 juillet

Abbaye de Fontfroide


Autour du maestro catalan Jordi Savall et de ses ensembles musicaux—Hespèrion XXI, la Capella Reial de Catalunya, le Concert des Nations, Orpheus 21—se réuniront de nombreux musiciens invités. Les concerts auront lieu à 17h30 et 21h30. Hespèrion XXI est aujourd’hui une référence incontournable pour comprendre l’évolution de la musique dans la période allant du Moyen Âge au Baroque. Le travail de recherche rigoureux d’une part et l’exécution exquise des interprétations d’autre part permettent au public de profiter de manière naturelle de la délicatesse esthétique et spirituelle propre aux œuvres de cette période.


Concerts à 17h30, au réfectoire ou jardins en terrasses

Lundi 15 juillet : Pythia - Vaisseaux de chair, paroles du Ciel par l’Ensemble Rini

Mardi 16 juillet : Amor mi fa cantal par INVACTVS

Mercredi 17 juillet : Les Joies des Elisées par Paolo Pandolfo et Amélie Chemin

Jeudi 18 juillet : Mozart et Eberl à Vienne par le Concerto Madrigalesco


Concerts à 21h30, dans l’église abbatiale

Lundi 15 juillet : Marco Polo, la Route de la Soie (1re partie) par Hespèrion XXI & Orpheus 21

Mardi 16 juillet : Pro Pacem par la Capella Reial de Catalunya et le Concert des Nations

Mercredi 17 juillet : De Profundis & Te Deum par la Capella Reial de Catalunya et le Concert des Nations

Jeudi 18 juillet : Maurice Ravel - Inspirations et métamorphoses par le Concert des Nations et Elionor Martinez


Musiques pour la Paix et la Concorde (1230-1930)
Conception et direction musicale :
Jordi Savall

Télécharger le programme 2024

Réservation en ligne

Réservation pass festival : uniquement par téléphone au 04 68 45 50 47, les mardis et jeudis 9h-11h
Restauration : restaurant de fontfroide (menu unique à 42€) et coin gourmand dans l’abbaye (19h-21h30 et 23h-00h)

contact : 04 68 45 50 47 concert@fontfroide.com


Abbaye de Fontfroide

Accès A9 ou A61 Sortie Narbonne sud (n°38)

Direction Lézignan Corbière D6113 puis D613

Spiktri Odyssey
Art contemporain à Fontfroide

Jusqu’au 8 septembre

Abbaye de Fontfroide


De passage sur Terre entre la planète Skelerium, habitée de têtes de mort géantes, et les planètes Graphitium et Monatrium, l’artiste Spiktri nous livre tout de go le produit brut de coffrage de ses réflexions : « Dans l’art, ni règle ni dogme, c’est mon fer de lance quoi, c’est le seul endroit où tout est permis, du coup, no limit ! » Un concept basé sur la théorie de l’éternelle inflation, estampillée BCE. Une exploration déjantée à poursuivre dans son musée à Ferrals-les-Corbières, à 20 minutes de Fontfroide.


Exposition comprise dans le billet d’entrée de visite

Optez pour un billet couplé FONTFROIDE / MUSÉE SPIKTRI et bénéficiez d’un tarif préférentiel
Tarif adulte : 25€, 6-25 ans : 16€

Contact : 04 68 45 11 08


Abbaye de Fontfroide : RD613 Chemin de Fontfroide, Narbonne

Musée & Galerie Spiktri Street Art Universe : 25 avenue des Vignerons, Ferrals-les-Corbières

Frank Stella, Recent works

Du 5 juillet au 28 septembre

Domaine de Panéry à Pouzilhac


Dans une mise en garde aux critiques, Frank Stella (1936-2024) insistait sur le fait que “ce que vous voyez est ce que vous voyez” — une formulation devenue la devise officieuse du mouvement minimaliste. Imaginée par l’artiste disparu le 4 mai, sa dernière exposition Recent works, devenue hommage historique, rassemble une trentaine d’œuvres, peintures, sculptures, lithographies, compositions et collages, produites entre 1983 et 2024. Formaliste d'une sévérité calviniste, Stella rejetait toute tentative d'interprétation de son œuvre. Le sentiment de mystère, affirmait-il, était une question “d’ambiguïtés techniques, spatiales et picturales”.


L’hommage à chaud de Julie Chaizemartin, journaliste et critique d’art

Contact : 06 22 17 14 92


Galerie Ceysson & Bénétière

Domaine de Panéry

Route d'Uzès, Pouzilhac

La fécondité dans l’art à travers les âges et les cultures du monde

Jusqu’au 29 juillet et du 1er septembre au 31 décembre

Musée Art et fécondité à Montpellier


Les femmes enceintes et les sages femmes—si ces deux qualifications échappent encore à l’infamie à l’heure où vous recevrez ce Bulletin Culturel— bénéficient d’une visite guidée à 5 € au lieu de 10 €. Un sens du prochain pour le nouveau musée d’arts premiers de Montpellier et son exposition sur les représentations artistiques de la fécondité féminine à travers les âges et les cultures. Une collection unique et insolite d'objets trouvés aux quatre coins du monde, datant de la préhistoire à la période contemporaine.


Ouvert uniquement les lundis de 10h à 18h

Le site de l’exposition


Musée Art et fécondité

27 bis rue de la Cavalerie, Montpellier

C215 autour de l’Inguimbertine

Jusqu’au 31 octobre

Hôtel-Dieu et centre-ville à Carpantras


Le street artist C215 habille de ses pochoirs l’espace public, objets urbains—avec une prédilection pour les armoires électriques et les de plus en plus rares boîtes jaunes de levée du courrier— des grandes villes européennes et peut-être chez vous. Des portraits, le plus souvent, vaporisés selon la fantaisie C215ème. Christian Guémy répond de manière lapidaire au sempiternel pourquoi C215 ? C correspond à son prénom, et 215 au numéro de la chambre dans laquelle il a décidé ce qu'il ferait de son avenir. L’exposition se décline en deux parties. La première, dans la galerie d’honneur de l’hôtel-Dieu, présente une rétrospective de sa carrière. La seconde, déployée dans le centre-ville, est consacrée à son interprétation des œuvres de la collection permanente de l’Inguimbertine, la bibliothèque-musée de Carpantras Un écrin nommé en l’honneur de son fondateur, foisonnant de trésors littéraires et artistiques d’une richesse inestimable, des manuscrits anciens aux œuvres d’art emblématiques transférés récemment dans un Hôtel-Dieu superbement rénové.


De 10h à 18h, fermé le lundi

Tarif normal : 12€ - Tarif réduit : 8€

Billetterie

Les œuvres de C215 sur Flickr

Tél. 04 90 63 04 92

inguimbertine.carpentras.fr


Visite guidée de l’exposition C215 (1h30) : tous les samedis à 16h15 (juin-octobre), les jeudis à 16h15 (juillet-août)
Tarif : 3 € en plus du billet d’entrée / Gratuit pour les enfants de moins de 12 ans, les porteurs de la carte Jeunes, les détenteurs du Pass annuel (dans la limite des places disponibles)


Bibliothèque Musée L’Inguimbertine

180 place Aristide Briand, Carpantras

53es Nuits Musicales d’Uzès

Du 18 au 30 juillet

Cours du Duché et de l’Évêché d’Uzès


La cité ducale accueille sous la céleste voûte étoilée les juillettistes Mozart, Beethoven, Schubert, Brahms, Haendel et leurs cortèges d’amateurs éclairés. Au programme : l’opéra L’Enlèvement au Sérail de Mozart, les grandioses 7e Symphonie de Beethoven et 2e Concerto pour piano de Hummel, l’opéra baroque de John Blow Vénus et Adonis, les majestueux Fireworks et Water Music de Haendel, les Chants sacrés et traditionnels d’Arménie, Les Trios romantiques de Schubert et Brahms, le Fado incandescent de Cristina Branco et le Jazz italien de Stephano di Battista. Le tout dans les magnifiques Cours du Duché et de l’Evêché d’Uzès, ainsi qu’à L’Ombrière Pays d’Uzès.


Présentation des Nuits musicales

Le site des Nuits Musicales


Château Ducal dit le Duché : 11 rue Jacques d'Uzès

Ancien Évêché : 16 rue Saint-Julien

Directeur de la publication : Jean-Renaud Cuaz
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Ce bulletin culturel est publié par Audasud

8 avenue Victor Hugo, 34200 Sète

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par Jean-Renaud Cuaz 1 janvier 2025
UNE ANNÉE CULTURELLE EN REVUE À travers les siècles et jusqu’à cette année, le monde des arts offrit à l’humanité les plus beaux chefs-d’œuvres que l’on pouvait imaginer. Et puis en 2024, un dealer en cryptomonnaie s’offrit pour 6,2 millions de dollars, lors d’une vente de Sotheby’s, une… banane sparadrappée. Qu’il mangea. Loin de ces dérèglements esthétiques, sur une île foutrement singulière… EN JANVIER, quelques Figures du même tonneau se massaient au bar du Plateau, comme le fera un nouveau contingent ce 18 janvier 2025 dans cet estaminet du quartier haut. Parmi elles, un philosophe, un pointu, un rappeur, un sauveteur en mer, quelques pêcheurs, des artistes évidemment, des jouteurs, et un violoniste qui vient tout juste de nous gratifier d’un divin Ave Maria pour une messe d’adieu familiale. À propos de disparition… EN FÉVRIER, vous êtes-vous colleté Colette regarde ? Ce fut le titre d’un hommage rendu au musée Paul Valéry à l’écrivaine pour les 70 ans de sa disparition. Les Automn’Halles avaient offert, l’année précédente dans le même écrin, de belles lectures avinées pour les 150 ans de sa naissance. On trinqua à sa passion du vin et ses amuses-bouches épistolaires avec des vignerons. En parlant d’événement aviné… EN MARS, Des milliers de badauds imbibés prenaient en selfie ou à l’abordage la plus belle flotte jamais rassemblée le long de nos canaux et bassins. Les bittes d’amarrage se dandinaient le long des quais pour accueillir Escale à Sète. La mairie s’habillait d’un triptyque mural conçu par la Sehsser . Une façade devenue maritime mettait à l’honneur 3 navires emblématiques du port. Ils s’affichaient sur 3 unes adaptées d’un journal de l’âge d’or du port, Vigie de Cette . Et en point d’orgue de la fête des traditions maritimes, le Belem, qui connut toutes les vies, navire marchand, yacht de luxe anglais, navire école italien… Aujourd’hui porteur de la flamme olympique. Laquelle se ralluma… EN AVRIL. Le flambeau, en provenance de Millau, resta environ quatre heures sur notre territoire avant de mettre le cap sur la Métropole de Montpellier. L’Agglopôle souhaitait que la flamme traverse ses 14 communes mais seules Balaruc-les-Bains et Sète furent retenues par le Comité Olympique. 35 habitants du territoire, escortés par 18 runners, ont eu l’immense privilège de porter la flamme olympique et se relayèrent au cordeau, sur les 7 km de parcours. Parmi eux, deux figures sportives dominantes, Delphine Le Sausse et Simon Caselli. À propos de héros local… EN MAI, alors qu’il peaufinait son programme, le Festival du Livre de Sète accueillait Pierre Assouline à la Chapelle des Pénitents. L’auteur du Nageur (Gallimard) revenait sur une trajectoire des plus emblématiques de l’histoire du sport français. Celle d’Alfred Nakache, champion du monde du 200 m brasse papillon, qui participa aux JO de Berlin en 1936 comme à ceux de Londres en 1948. Alfred Nakache est mort en 1983 dans sa chère Méditerranée. Il est enterré dans le carré juif du cimetière Le Py à Sète. Replongeons dans cette période sanglante avec… EN JUIN, couvant des yeux les côtes normandes, notre pays célébrait les 80 ans de la libération. Sète et le Bassin de Thau devaient lui taper sur l’épaule pour remettre les pendules à l’heure provençale. Lui rappeler que la zone libre ne le fut qu’un temps, et qu’un autre débarquement joua un rôle déterminant. La façade municipale à peine déshabillée allait devoir se coller une série d’affiches sur l’occupation allemande, les destructions du port et la libération. Des dazibaos historiques placardés pour des piétons médusés, horrifiés, rassérénés quand… EN JUILLET, une calligraphe japonaise, Yuka Matsui, se demanda à quoi rêve le mont Saint-Clair . À l’échappée belle ? où elle tapissait les murs de ses papiers washi encrés dans ses fantasmes de Fuji ? Frank Stella venait de rejoindre les étoiles en ayant mis la dernière main à ses recent works exposés à Pouzilhac. Formaliste d'une sévérité calviniste, il insistait sur le fait que ce que vous voyez est ce que vous voyez — une formulation devenue devise officieuse du mouvement minimaliste. Tout le contraire d’une marée réapparue 100 ans plus tard… EN AOÛT, à Paris, les jeux olympiques, ouverts depuis quelques jours sous la pluie, s’escrimaient à rassurer une population sur le qui vive. Les efforts déployés en banlieues étaient récompensés, nos forbans remportaient l’or en breakedance, nouveau déhanchement olympique. Plus au sud, tout en bas, après le bourdonnement olympique, venait le temps du lourd et du proverbial. Place aux JOutes olympiennes et leurs anneaux bleu et rouge. La fête de la Saint-Louis attaquait la lance sous le bras sa 280e édition. Une place du Pouffre survoltée sonnait le branle-bas et sortait de leur moite torpeur les moins attentifs de ses fidèles. Charpenté comme une catalane, ce programme 2024, où l’homérique le disputa à l’insolite, était bâti à grand renfort de défilés, de musiques, d’animations, avec en étrave, 4 jours de joutes dans un Cadre plus Royal que jamais. Quand on parle de retour… EN SEPTEMBRE, revoici La Pointe courte tournée il y a 70 ans ! Un festival à taille humaine si l’on prend pour mètre étalon celle à qui cette kermesse était dédiée. Me revoilà nous fait signe Agnès Varda à travers une sélection de films signés de la cinéaste, artiste visuelle… et photographe avec une exposition de clichés inédits de ses tournages sur l’île singulière. À découvrir dans la traverse des Pêcheurs pendant le festival. Quelques jours plus tard, les Automn’Halles fêtaient leur 15e édition avec un plateau aussi copieux qu’éclectique. Sautant du musée Paul Valéry à la médiathèque, du Réservoir au Miam… Et posant la place (du Pouffre) au centre du village, avec ses éditeurs et auteurs locaux. Avec en écho, les airs de flamenco d’un festival ibérique en place Victor Hugo. Lequel devait goûter l’événement depuis son Panthéon en pensant à sa gitane Esméralda et… EN OCTOBRE, à son fidèle Paul Valéry. Dont les Journées au musée éponyme étaient consacrées à la génération surréaliste. Ai-je été assez dada ! s’exclamait le poète, moins classique, plus transgressif qu’il n’y paraît. Ce fut l’objet d’une conférence parmi d’autres, sur celui qui fascina le jeune André Breton, âgé de 18 ans quand il le rencontra. Son “Rimbaud” avait tourné le dos à la muse poétique depuis plus de vingt ans avant de le trahir pour une Jeune Parque… À un jet de muse de là, un hommage à Joseph-Pascal Repetto, Maître Charpentier de Marine était justement rendu au musée de la Mer. La création de maquettes de bateaux était son autre passion. Il présenta trois maquettes au difficile concours des Meilleurs Ouvriers de France et fait inouï, il obtint trois fois les prestigieux titres en 1936, 1939 et 1949 ! Une période commémorée… EN NOVEMBRE, pour les 80 ans de la Libération de Sète et du Bassin de Thau, vous avez eu les photographies de notre Chemin de Mémoire en 16 étapes , le long des quais de Sète. Pour le XIXe Samedi de l’Histoire, ce fut une conférence animée par la Sehsser le 16, et une exposition, jusqu’au 1er décembre, d’une collection de clichés historiques sous l’occupation allemande. Un événement dans les entrailles du fort Saint-Pierre devenu théâtre de la Mer quand la poudre cessa de parler et qu’il fut restauré. Plus précisément dans la salle Tarbouriech, nommée en hommage au jeune résistant sétois Maurice Tarbouriech, mort en déportation avec ses camarades du groupe-Franc Combat. Pour parachever cette année mémorielle, un ouvrage est édité par la Sehsser : 1942-1944 De l’Occupation à la Libération de Sète et du Bassin de Thau . Un livre qui en précède un autre, édité également par Audasud… EN DÉCEMBRE paraissait le Grand Livre des Joutes de 1900 à 1951, les palmarès de la Saint-Louis et des tournois régionaux . Un portfolio commémoratif de la 280e édition de la Saint-Louis. Un écrin noir aux silhouettes de jouteurs vernies fabriqué en édition limitée. En 1960, peu après la mort du grand jouteur Vincent Cianni, Clémenceau Terme, appariteur-chef de la mairie de Sète, offrait à Nicolas Cianni, son fils, ses sublimes registres personnels. Ils furent légués plus tard à Jean-Louis Cianni, petit-fils de l’homme aux 100 victoires. Ces annales des joutes de 1900 à 1951 étaient consignées avec une dévotion et une graphie magistrales que n’aurait pas renié le réappariteur des Faits divers à Cette , Christian Lagarde, édités par L’An Demain sous l’égide de la Sehsser . Ni le marathonien des croquis de sa ville, Topolino, coincé en pleine séance de dédicaces illustrées pour la sortie, chez l’éditeur du conte Ceci n’est pas une pipe , un livre écrit par Alice Lugand, prête-plume d’un goéland fureteur. Il est clair que cette année devait se terminer. Nous attendions avec impatience le réveillon du Nouvel An – lorsque, selon une tradition bien-aimée, un million de fêtards se tamponnent sur les Champs-Élysées pour dire au revoir à 2024 et accueillir 2025. Nous aimons penser que ce soir-là, alors que s'égrenaient les secondes et que s’illuminait l’Arc de Triomphe, celles et ceux qui le regarderont seront tous unis, ne serait-ce que pour un instant, par un espoir commun, que 2025 soit une meilleure année. Comment pourrait-il en être autrement ? Essayez donc de ne pas y penser… en écoutant des vœux présidencieux prononcés depuis l’ambassade de France à Paris.
par Jean-Renaud Cuaz 29 décembre 2024
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS MÉRIDIONAUX Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 12 décembre 2024
MAESTROS DE LA LANCE Les joutes cettoises ont accompagné l’évolution de la ville-port depuis 1666 , pour devenir la bravade sétoise que nous célébrons avec une immuable ferveur. Du grandiose fait d’armes d’Aubenque le Terrible arrêtant net la barque lancée par ses rameurs contre le premier-né en bois de nos ponts, aux neuf triomphes de Vincent Cianni, l’homme aux cent victoires , tutoyant d’une passe le palmarès de l’intombable Louis Vaillé, des fêtes de quartiers et de sociétés de joutes à l’ultime trophée aoûtien, les joutes de la Saint-Louis sont élevées ici au statut de cathédrale nautique récurrente, reléguant notre décanale au rang d’édicule. Certes, avant de poser l’ancre à Sète, les joutes ont pavoisé sur le pourtour languedocien. Aigues-Mortes, Agde et Frontignan l’ont précédée… parce qu’il fallut attendre bêtement que le chevalier de Clerville et Pierre-Paul Riquet construisent un débouché méditerranéen à leur canal du Midi. Mariés, tenez-vous bien, voici la jeunesse qui arrive ! Cette joviale mise en garde accompagnait l’air joué au moment de la charge des jouteurs arc-boutés sur leur tintaine. Une rivalité fondée sur l’état civil et la couleur des deux barques, bleu pour les célibataires, rouge pour les mariés. Avant que les tournois ne s’ouvrent aux demoiselles et aux dames, on compensa ce sectarisme par des prénoms féminins donnés aux barques : Mathilde, Véronique, Fanny, Blanche… Question d’équilibre, là aussi. Il fallut attendre le 30 août 1891 pour voir ce privilège jeté à l’eau par deux Cettoises, les soeurs Élise et Anna Sellier. Et le 18 août 2022 , pour voir naître le premier tournoi féminin de la Saint-Louis, après deux années de réflexion sans joutes, dues à une pandémie dévastatrice, mais somme toute salutaire. Cette année, le lundi de la Saint-Louis a vécu la 280e édition du plus ancien trophée, distançant celui de l’America’s Cup de quelques bordées. La Sehsser (Société d’études historiques et scientifiques de Sète et sa région), après l'édition de son Portfolio commémoratif des 350 ans de notre cité, a le plaisir de collaborer avec Jean-Louis Cianni pour son Grand Livre des Joutes et de lui apporter un soutien logistique. Au nom de la Sehsser , en tant qu'éditeur, je ne peux que souhaiter à cet ouvrage ainsi qu’aux prochains Maestros et Maestras de la Lance, selon l’expression, de « faire beau ». Ce sera leur plus belle récompense. Le Grand Livre des Joutes Un portfolio commémoratif édité avec l’appui de la Sehsser (Société d’études historiques et scientifiques de Sète et sa région) à partir des registres de Clémenceau Terme, appariteur à la mairie remis au père de l’écrivain Jean-Louis Cianni. Un livret et 18 feuillets retracent l’histoire des joutes de la Saint-Louis et des tournois régionaux. Auteurs : Jean-Louis Cianni & Jean-Renaud Cuaz 30 € | ISBN : 9-782487-131217 Format portfolio : 21,7 x 30 cm Format livret : 21 x 299,7 cm | 68 pages 16 feuillets A4 et 2 feuillets 3-volets 3xA4 En librairie, points de presse et sur audasud.fr
par Jean-Renaud Cuaz 26 novembre 2024
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS MÉRIDIONAUX Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 24 novembre 2024
SOUVENIRS DE LA PLAGE DU KURSAAL… Où de radieux bains de mer font place, le soir venu, à de sombres règlements de comptes… Avant son compte rendu et sa propagation, le fait divers concerne d’abord des individus réels confrontés à un drame réel. Qu’il soit relaté dans les journaux d’époque ou consigné à la plume par de méticuleux appariteurs, il devient, dans cet âge d’or du port de Cette (fin XIXe siècle - début XXe), un fait de société quand les ingrédients sont réunis : une activité portuaire dans une période coloniale, de grandes vagues d’immigrations et leur cohorte de couche-vétus, des rues coupe-gorges où l’on réglait les différents plus ou moins identiquement, des bars ornés de filles aux moeurs canailles, une garnison de têtes brûlées armées de baïonnettes et goulûment avinées… Car, dans le cadre de sa politique sur les libertés publiques, la Troisième République triomphante facilita à l’extrême l’ouverture des débits de boissons (loi du 17 juillet 1880 ). Nul doute que toutes ces composantes se soient allègrement coagulées pour alimenter la fertile rubrique des faits divers cettois. Si, de nos jours, il était encore utile de rappeler que la vie ne tient qu’à un fil, Christian Lagarde nous le souligne avec talent dans ses Faits divers à Cette , d’une écriture limpide et fidèle aux codes journalistiques des chroniques d’alors. À la clé, une kyrielle de funestes démêlés mâtinée d’ubuesques accidents domestiques, le tout couronné de procès expédiés en un tournemain. À l’issue desquels une ligne maritime Cette-Cayenne devait fonctionner à plein régime… Ces faits divers sont aussi une mine d’or, tant sociologique qu’historique, qui amena la Sehsser (Société d’études historiques et scientifiques de Sète et sa région) à s’associer, par son fonds de documents historiques, aux recherches de Christian Lagarde. Membre de la Sehsser , l’auteur fait porter au lecteur un regard contemporain sur des sujets de société—avortement, féminicide, infanticide—d’hier… et d’aujourd’hui. Il nous fait saisir, avec justesse, le portrait d’une époque, d’un milieu, de lieux et patronymes familiers, à un jet de pierre de notre temps. Si le sociologue Pierre Bourdieu assimilait les faits divers à des faits qui servent à faire diversion pour raconter un climat politique —il forgea le concept de faits-diversions à la fin des années 1990 —ils sont surtout une source inépuisable pour la littérature et le cinéma. Quant au risque qu’ils portent un grave préjudice au bon renom de notre ville, considérons cette menace comme une affaire classée sans suite. Faits divers à Cette par Christian Lagarde 20€ | 256 pages En librairie, points de presse et sur Landemain.fr
par Jean-Renaud Cuaz 30 octobre 2024
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par Jean-Renaud Cuaz 29 octobre 2024
Alain Rizzolo jette lʼancre à Sète en 1970 . Le Provençal né 32 ans plus tôt nʼaura aucun mal à sʼacclimater sur lʼîle singulière. Les origines italiennes de son père ont certainement participé à en faire un Sétois passionné par la vie culturelle de son port dʼattache. Par la vie politique aussi. Ancien attaché parlementaire de Jean Lacombe et adjoint à la culture avec lʼéquipe municipale de François Liberti, sa vie est faite dʼengagements pour sa cité. Un engagement respectueux du travail de ses prédécesseurs. Cʼest sans doute son attachement aux peintres du dimanche et aux théâtres amateurs qui le rend affable et altruiste. Aux premiers, il fournit une salle rue du 11 novembre, les affiches et lʼapéritif des vernissages. Il sʼétait dit que les sportifs du dimanche avaient bien un stade mis à disposition par la mairie. Certes, voir 350 peintres dominicaux exposer à tour de rôle et entendre leur ange gardien les accueillir régulièrement par un discours—brossé à larges touches dʼempathie—devait faire hérisser quelques poils de pinceaux professionnels. Il sʼen moque comme de sa première piquette. Quant aux seconds, les théâtres amateurs, il met à leur disposition le plus beau des écrins, le théâtre de la mer. En charge du financement des associations, il sʼappuiera sur ce formidable levier pour faire naître quelques festivals—Fiesta Latina, Jazz à Sète...—qui allaient mettre Sète sur orbite parmi les grandes destinations musicales. Et cʼest en toute modestie teintée dʼanxiété quʼil porte à bout de bras un projet de musée du même acabit. Approché par Hervé Di Rosa, il doit se faire expliquer le concept dʼart modeste pour ensuite proposer au conseil municipal un musée international logeant une collection de cadeaux Bonux et autres babioles—plus de 700 000 —accumulées par un fou furieux depuis 50 ans. Le MIAM ouvre ses portes dʼancien chai à un car de vétérans qui fondent en larme à la vue de ces reliques chargées dʼhistoires banales, et fera dire à leurs initiateurs quʼils ont gagné haut la main leur pari. La définition de lʼart de vivre selon Alain Rizzolo se résume à écrire et peindre. Pour moi et pour les gens que j’aime. Ils viennent, ils se servent et ils sʼen vont , disait celui qui ne se considère pas écrivain . Il est quelquʼun à qui il arrive dʼécrire . Ses premiers ouvrages et toiles se vendaient déjà très bien lorsquʼil tenait le cordon de la bourse des associations sétoises. Il pouvait en ce temps-là compter sur dʼinnombrables flatteurs dans une ville qui compte autant dʼassociations que de recettes de la macaronade. En 2021 , avec son roman Lʼhomme-phare , Alain Rizzolo donne corps à une promesse faite à un vieux Valrassien. Quarante ans plus tôt, en 1981 , Valras fêtait officiellement ses 50 ans—le port appartenait à Sérignan jusquʼen 1931 —par un film télévisé, Les Mémoires du Temps , dont Alain Rizzolo écrivit les dialogues. Il rencontra, pour ses recherches historiques, un très vieux résident de la cité portuaire qui lʼinvita chez lui. Sur la cheminée, trônait une aussi vétuste lampe tempête qui intrigua le visiteur. Elle appartenait au grand-père italien du vieil homme qui fut heureux de lui raconter son origine. Venu de Cetara, au sud de lʼItalie, en barque à voile avec femme et enfants, il accosta à lʼembouchure de lʼorb pour sʼy établir. À cet endroit, le courant fait régulièrement mouvoir le fond sableux. Pour éviter lʼensablement des bateaux-bœufs et contre une caisse de poissons, lʼItalien ficelait une lampe tempête sur sa tête et avançait lentement devant la proue, en été comme dans lʼobscurité hivernale, pour jauger la profondeur. Une nuit quʼil guidait les pêcheurs malgré une pneumonie, il disparut sous lʼeau. On retrouva plus tard sa lampe tempête. Alain Rizzolo, à qui il est arrivé cette année dʼécrire un recueil de nouvelles, lʼa intitulé Les terrasses de Sperlonga , titre du dernier des sept récits dédié à sa fille Véronique. Le premier suit le vertigineux voyage dʼun galet couleur jour de neige au fil de lʼeau et du temps. Le dernier évoque un autre voyage sur la grande bleue chère à lʼauteur, celui de Leonardo sur sa barque de pêcheur et son escale à Sperlonga, dʼoù il entend, après avoir remis la voile, une voix lui crier : « Étranger ! je tʼai menti... Le plus court chemin dʼun point à un autre, même sur la mer, cʼest pas la ligne droite, cʼest une journée de bonheur ! » Alain Rizzolo est du même tonneau que nos redoutes, sentinelles plantées sur nos rivages, dont la pierre rongée par le sel reste solidement ancrée dans le sable. Un gardien dépositaire de la mémoire du monde, le regard scrutant lʼhorizon. Il me disait, lors de mes visites chez lui, qu’ on ne renie pas les 30 premières années de sa vie . On évoqua la genèse du Chagrin de Minos et sa vie camarguaise, alors âgé de 20 ans. C'est sans doute vrai aussi pour celle du jeune Gaspard de son dernier ouvrage, Le génocide des hannetons . Une belle histoire de quelqu’un à qui il arrive d’écrire mais qui a découvert très tôt le pouvoir de l’écriture. Comme Gaspard… Nous avions convenu récemment de republier ce Chagrin de Minos en français et en provençal à l’occasion des fêtes des Saintes-Maries-de-la-Mer. Une langue et une culture que le plus provençal des Sétois avait chevillées au cœur. J’attendais de recevoir cette version d’un traducteur pour lui montrer la maquette. Dans l’espoir de le faire lire le plus et le plus loin possible. Ce chagrin viendra un jour, après le nôtre.
par Jean-Renaud Cuaz 28 septembre 2024
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par Jean-Renaud Cuaz 22 septembre 2024
3e FESTIVAL AGNÈS VARDA - Me revoilà La cinéaste Agnès Varda, décédée — mais pas disparue puisque la revoilà — en 2019 à l’âge de 90 ans, était si vénérée de son vivant que sa dernière décennie fut une longue parade d’honneurs (Saint-Louis 2017), de récompenses (Oscar 2017), d’interviews, de rétrospectives… Non ! Non ! Ça suffit ! Je ne suis pas une religion. Je suis encore vivante ! lançait-elle sur scène, à la bienveillante vindicte populaire. Son père avait breveté en Belgique un type de grue industrielle. Devenu riche, tout l’oppose à sa fille Agnès. D’accord sur rien, elle le frustre, il la déçoit. Sa mère, cependant, pressent une graine de créativité. Elle met en gage un bijou, lorsqu’Agnès manifeste son intérêt pour la photo, et lui achète un Rolleiflex, appareil bi-objectif allemand haut de gamme. C’est l’œil de la photographe qui échafaude les plans de La Pointe courte. Emboîtant les portraits statufiés dans des décors purgés de tout artifice théâtral. Sans trop se soucier des dialogues. Ils seront ajoutés au montage avec l’aide d’Alain Resnais qui prête son matériel. Ses films, à peine scénarisés, s’ils le furent vraiment, comptaient plutôt sur des incidents de parcours pour improviser. C’est dans la photographie que son œuvre de cinéaste et d’artiste visuelle puise son énergie. Une œuvre singulière, à la fois personnelle et ouverte aux autres, certains autres aimait-elle dire. 80 BALAIS Pour ses 80 ans, Agnès Varda reçoit de ses amis… 80 balais et balayettes pour autant de printemps déblayeurs. Elle ne résistera pas à la tentation de se retourner pour filmer son autobiographie et passer des coups de balai sur ses jeunes années. LE BONHEUR EST DANS LA POINTE Premier film en couleur d’Agnès Varda, Le Bonheur fit scandale lors de sa sortie en 1965 et fut interdit aux moins de 18 ans. Il remporte le prix Louis Delluc et ramène du Festival de Berlin l’Ours d’argent. Deux œuvres de Mozart accompagne Le Bonheur . Un choix qu’Agnès Varda justifia en déclarant avoir voulu représenter une certaine idée du bonheur, comme la musique séduisante de Mozart qui pourtant pince le cœur . Un jeu de piste ludique et jubilatoire au goût aigre-doux. Au casting, la famille Drouot (Jean-Claude, Claire, Olivier, Sandrine) et l’exquise Marie-France Boyer. LES RACINES D’AGNÈS Avec Les Créatures (1966), Agnès Varda offre un drame fantastique opposant Michel Piccoli, Catherine Deneuve et une multitude de sources d’inspiration qu’elle s’évertue tout de go à combiner avec talent pour filmer son histoire. Quarante ans plus tard, la cinéaste, devenue artiste visuelle (terme qu’elle préférait à plasticienne), présente une installation, la Cabane du cinéma (initialement nommée La cabane de l’échec , en référence à la sortie du film), à partir de pellicules du tournage des Créatures, dans un effort d’épaissir leur présence dans son œuvre cinématographique. L'installation fait une subtile apparition dans le documentaire Les Plages d'Agnès (2008). Si on ouvrait des gens, on trouverait des paysages. Si on m'ouvrait moi, on trouverait des plages , raconte Agnès Varda dans la première partie du film autobiographique, en médecin légiste imaginaire. Le scalpel qu’elle manie avec talent nous fait découvrir ses thèmes de prédilection, la mer, ses rivages et la confrontation de l’image fixe avec l’image mobile. Pour ce long métrage tourné entre août 2006 et juin 2008, Agnès redécouvre sa maison natale d’Ixelles et recrée à Sète la maison flottante familiale. Elle arpente la plage de la Corniche et de Noirmoutier, celles de la Belgique natale, Knokke-le-Zoute et La Panne, jusqu’à Los Angeles. Poussant le bouchon plus loin, elle alla jusqu’à créer chez elle, rue Daguerre, une Daguerre-Plage entre sa maison de production Ciné-Tamaris et la salle de montage, déversant 6 bennes de sable fin sur le bitume. Après le générique de fin, dans l’esprit Attendez, ne partez pas ! Agnès ajouta une scène non prévue : on y voit son équipe lui fêter ses 80 ans. Une séquence montée avec quelques plans volés aux copains et avec leurs photos , confiait l’éternelle glaneuse. FESTIVAL AGNÈS VARDA – 3e ÉDITION DU 19 AU 22 SEPT. 2024 EXPO PHOTOS de 14h à 19h Traverse des Pêcheurs de la Pointe Courte
par Jean-Renaud Cuaz 29 août 2024
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