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CETTE JOURNÉE PONCTUE LE BICENTENAIRE de la naissance de Ulysses S. Grant, général et homme d’État américain, né Hiram Ulysse Grant le 27 avril 1822 à Point Pleasant, dans l’État de l’Ohio. L’ainé de 3 fils et 3 filles fut élevé dans une famille pauvre, forcé de s’en séparer et de travailler dès son plus jeune âge. Ses parents, Jesse Root Grant et Hanna Simpson, des méthodistes à la sauce américaine, s’abstenaient de jouer aux cartes ou de danser et ne permettaient pas à leurs enfants de twister ou de jurer.

Abolitionniste connu pour son franc-parler, Jesse se vantait souvent de son fils, le présentant « mon Ulysse ». La venue au monde de ce premier-né se fit longuement attendre et la tradition voulait que le choix du prénom relève d’un implacable arbitrage. Les familles paternelles et maternelles s’évertuaient à placer leur patronyme. Si bien que plusieurs semaines après la naissance, les parents n'avaient toujours pas trouvé de consensus. Des prénoms potentiels furent écrits sur des bouts de papier et déposés dans un chapeau. La mère exprima des réserves sur ce procédé, le jugeant peu civilisé. Cependant, la perspective d’allaiter un jour de plus un bébé anonyme eut raison de son scepticisme. Le nom Ulysse fut tiré par une main innocente, lui-même tiré d’un livre de la famille, un roman du poète français François Fénélon, Les aventures de Télémaque. La France venait de vendre la Louisiane 18 ans plus tôt mais l’honneur était sauf, un poète français baptisait du nom de son héros le futur président américain. Sentant poindre l’ire maternelle, Jesse déclara que le nom de son fils serait Hiram Ulysse Grant.


À un âge précoce, Ulysse fut convaincu de travailler dans la tannerie paternelle, mais il ne fallut pas longtemps avant qu’il exprime une forte aversion pour la pratique. Alors qu’il avait 17 ans, un éminent avocat ami de la famille le fit nommer à son insu à l’Académie militaire de West Point sous le nom de Ulysses S. Grant, écrit par erreur ou devinant sans doute un destin historique pour l’adolescent. Car ses futurs condisciples ne tardèrent pas à l’affubler du sobriquet Sam ou parfois United States que ne manquait pas d’inspirer le nom U.S. Grant.


En 1843, Sam décrocha de West Point un diplôme et une réputation d’excellent cavalier en établissant un record en saut d'obstacles qui ne fut battu que 25 ans plus tard, si l’on ne tient pas compte de ceux, nombreux, semés tout au long de sa carrière militaire et politique. Le jeune soldat et sa monture furent affectés près de Saint-Louis dans le Missouri d’où ils s’échappaient régulièrement, lors de permissions, pour retrouver, à brides abattues, la sœur d’un ancien camarade d’Académie. Après 4 années de secrètes fiançailles, Ulysse épousa le 22 août 1848 dans la maison de ses parents à Saint-Louis Julia Dent qui donnera naissance à 4 enfants. Mais Jesse, un ardent et fier abolitionniste, n’assista pas à leur mariage, non pas parce qu’il n’aimait pas Julia, mais parce que son père, Fredrick Dent, possédait des esclaves.


La solde militaire se révéla rapidement insuffisante pour soutenir sa famille. Aussi Ulysse se lança dans les affaires pour se faire escroquer par un sulfureux partenaire. Il gagna en retour un nouveau sobriquet de la part de son père que le respect pour le futur homme d’État nous oblige à taire. Affecté par ses déboires financiers, il le fut derechef par l’armée sur la côte ouest, où bientôt, rencontrant des difficultés avec son commandant, une rumeur circula relative à une consommation prétendument carabinée d’alcool. Il eut alors le choix entre démissionner de l’armée ou faire face à la cour martiale. Son père tenta de lui éviter l’une et l’autre, mais ses larmoyants courriers au département de la guerre restèrent sans effet.


Par la suite, Jesse Grant ouvrit un magasin de maroquinerie à Galena, dans le nord de l’Illinois, dans l’espoir de voir ses 3 fils s’y installer et s’offrir une retraite méritée. La boutique, installée sur Main Street dans un immeuble en brique, dont la vitrine était garnie de selles et de bottes fantaisistes, vendait des harnachements et autres articles en cuir. L’auteur de ces lignes, lui-même, y vécut dans la rue au-dessus, North Bench Street, et convola en justes noces en 1992, dans le belvédère de Grant Park, à l’ombre de la statue bienveillante d’Ulysse et d’un canon de la Guerre de Sécession.

Jesse Grant, âgé de 60 ans, se retira de l'entreprise et passa les reines à ses trois fils, Samuel, Orvil et bientôt Ulysse. Après avoir démissionné de l’armée et échoué dans l’agriculture et dans plusieurs entreprises commerciales, Ulysse se tourna vers son père et accepta un poste de commis au magasin de Galena. La guerre civile approchant, le magasin devenait un foyer où l’on se tannait le cuir entre d’un côté Jesse et ses fils Samuel et Orvil, tous de fervents républicains, et de l’autre, leur Ulysse qui avouait des penchants démocrates. La guerre nivellera bientôt les différences et dès les premiers échauffourées, il se réengagea rapidement dans l’armée, répondant à l’appel du président Lincoln pour 75 000 volontaires. Faisant naturellement une forte impression sur les recrues, il fut promu colonel avec le soutien du représentant de l’Illinois, son ami de Galena Elihu B. Washburne, le 14 juin 1861 et affecté au 21e régiment d’infanterie volontaire de l’État. Prenant le commandement de grandes batailles, il fut promut Général commandant de l’armée des États-Unis par le président Lincoln, avec autorité sur toutes les armées de l’Union. Ses victoires décisives contribuèrent à la victoire de Lincoln lors de son second mandat en 1865.


Le 14 avril de cette année-là, 5 jours après la reddition de l’Armée de Virginie du Nord marquant la fin de la guerre civile, Lincoln fut mortellement blessé par un sympathisant confédéré, John W. Booth et mourut le lendemain matin. L’assassinat faisait partie d'un complot visant à éliminer des représentants nordistes. Grant avait participé à une réunion du Cabinet le 14 avril et Lincoln l’avait invité ainsi que son épouse à l’accompagner au théâtre Ford ; le couple déclina la proposition car il avait l’intention de se rendre à Philadelphie. Cela lui sauva probablement la vie car Booth avait prévu de poignarder le général après avoir abattu le président avec son pistolet. Lors des funérailles du 19 avril, Grant ne cacha pas ses larmes et déclara : « il fut incontestablement le plus grand homme que j’ai jamais rencontré ».


En 1865, Galena accueillit le lieutenant-général chez lui avec une fierté égalée seulement par celle de son père. Lorsqu’une suggestion lui avait été faite au sujet de la Maison-Blanche, il avait fait remarquer qu’il n'aspirait pas à être Président, mais qu'il préférait devenir maire de Galena, et d’y voir la construction de trottoirs, dont l’absence l’avait quelque peu chagriné. Aujourd’hui, Galena peut aussi être fière de ses trottoirs, ce que ne manqua pas d’illustrer la Gazette de Galena. La nouvelle n’avait pas dû échappé à Ulysse avant son arrivée, lui qui ne lisait aucune autre feuille. Un train spécial transportant le général Grant partit de Chicago à 8 heures 30 avec pour tout billet de voyage son portrait accroché sur la locomotive. La foule salua le passage du train et la gare de Marengo avait fait dresser un arc de triomphe fleuri en travers de la voie. Devait-on y voir un clin d’œil de l’Histoire ? Un autre arc de triomphe, de pierre celui-là, allait être érigé à Paris après la bataille de Marengo en Italie, par un général fier d’y voir graver ses propres victoires.

Galena ne fut atteinte qu’en milieu d’après-midi. Le stratège devait penser qu’à ce rythme, il aurait perdu la guerre, lorsque des hourras ! et des coups de fusils le firent sortir de sa torpeur. Au niveau de De Soto House, une grande arche végétale taillée et décorée avec goût, enjambait Main Street. De part et d’autre de l’arc étaient accrochées des pancartes lisant « Bienvenue à notre citoyen » et les noms des nombreuses batailles du vainqueur. Plus loin une autre arche portait l'inscription « Général, le trottoir est construit ». Les rues étaient bondées de citoyens et de visiteurs, parmi lesquels le saluèrent ses soldats. Son ami de Galena Washburn lui souhaita la bienvenue, puis l’orchestre de la ville fit retentir les cuivres et les caisses avant de laisser Ulysse et son épouse gagner leur maison par les trottoirs qu’il avait prévu de faire construire. Une belle résidence, cadeau de ses habitants, les attendait ainsi qu’une parure de bijoux créée par un joailler de New York et destinée à Julia. Une corbeille de bienvenue qui allait anticiper une sulfureuse rumeur de corruption à tout les étages gouvernementaux, seulement nuancée par celle tout aussi collante d’une large consommation de scotch.


Grant était l'un des hommes les plus populaires du pays avant l’élection présidentielle de 1868. Il fut choisi sans opposition dès le premier tour par la convention républicaine, tout en restant à Galena, laissant les discours à ses partisans comme cela était la norme à l'époque. Lorsqu'il accéda à la présidence, Grant n'avait jamais occupé de fonctions électives. Il était, à 46 ans, le plus jeune président de l'histoire. Dans son discours, Grant défendit l'adoption du 15e amendement de la Constitution garantissant les droits civiques des Afro-Américains. Il nomma son ami Elihu B. Washburne au département d'État. Washburne démissionna cependant au bout de 12 jours pour des raisons de santé ; certains ont néanmoins avancé qu'il s'agissait d'une manœuvre pour donner plus de poids à sa nomination en tant qu’ambassadeur en France. Ce qu’il fut, durant la guerre Franco-Prussienne, de 1869 à 1877, restant à Paris durant le siège et la Commune qui suivit pour ouvrir un hôpital de campagne près de son ambassade. Washburne fut un protagoniste héroïque et un témoin impartial des exactions perpétrées de part et d’autre de l’insurrection.


Le second mandat de Grant fut marqué par un profond marasme, une époque où l'économie était ouverte à la spéculation et où l’expansion vers l’ouest générait une large corruption dans l'administration. Mais Ulysse pouvait se targuer d’avoir éliminé l’esclavage, cause de la sécession, et d’avoir ramené le Sud dans l’Union. Une Union à la solidité jamais égalée ni avant sa présidence, ni après…


Ayant quitté la Maison-Blanche, Grant et sa famille entreprirent un tour du monde de 2 ans en 1877. Le couple dut affronter un dîner royal au château de Windsor avec une reine Victoria parlant une langue quasi étrangère. Ils se rendirent ensuite en Belgique, en Allemagne et en Suisse avant de revenir au Royaume-Uni où ils passèrent quelques mois avec leur fille Nellie qui avait épousé un Britannique. Grant et son épouse visitèrent la France et l'Italie et passèrent Noël 1877 à bord du sloop u.s.s. Vandalia amarré dans le port de Palerme. Après un séjour hivernal en Terre sainte, ils visitèrent la Grèce avant de revenir en Italie pour une rencontre avec le pape Léon xiii. À la suite d’un voyage en Espagne, ils se rendirent à nouveau en Allemagne ; Grant rencontra le chancelier allemand Otto von Bismarck et les deux hommes échangèrent en trinquant sur l’art de la guerre. Après une autre visite en Angleterre et en Irlande, le couple quitta l’Europe et traversa le canal de Suez en direction de l’Inde britannique. Ils se rendirent en Birmanie, au Siam, à Singapour et au Viêt Nam. À Hong Kong, Grant commença à changer d’avis sur le colonialisme en estimant que la domination britannique n’était pas « purement égoïste » mais également bénéfique pour les sujets locaux. Le couple passa ensuite par la Chine. Ulysse déclina une rencontre avec l'empereur Guangxu alors âgé de seulement 7 ans, anticipant une triste collation, mais échangea avec le régent et sa cave à vin. Au Japon, Grant rencontra l’empereur Meiji mais le couple avait le mal du pays, et réalisa qu’il avait dépensé la plus grande partie de ses économies.

Pour rendre sa situation financière plus précaire, Ulysse ne manqua pas de s’associer avec son fils, Ulysses Jr. qui avait créé une banque d’affaires, usant des mêmes talents hérités de son père. Complètement ruiné — les billets de 50 $ ne portaient pas encore son effigie — le Congrès dépité lui accorda à nouveau le grade de Général de l’armée avec retraite complète en mars 1885. Pour restaurer ses finances, il rédigea plusieurs articles qui enchantèrent les critiques au point que son ami Mark Twain lui fit accepter une proposition de sa maison d’éditions Webster & Co. pour qu’il écrive ses mémoires. Les 2 volumes du livre, intitulé Personal Memoirs of Ulysses S. Grant, terminés peu avant de passer le sabre à gauche le 23 juillet 1885, connurent un grand succès. Mais l’éditeur fit faillite quelques années après avoir fait signer Ulysse. Twain, peu rancunier, qualifia les mémoires de son ami de « chef-d’œuvre littéraire » et les compara aux Commentaires sur la Guerre des Gaules de Jules César.

par Jean-Renaud Cuaz 1 janvier 2025
UNE ANNÉE CULTURELLE EN REVUE À travers les siècles et jusqu’à cette année, le monde des arts offrit à l’humanité les plus beaux chefs-d’œuvres que l’on pouvait imaginer. Et puis en 2024, un dealer en cryptomonnaie s’offrit pour 6,2 millions de dollars, lors d’une vente de Sotheby’s, une… banane sparadrappée. Qu’il mangea. Loin de ces dérèglements esthétiques, sur une île foutrement singulière… EN JANVIER, quelques Figures du même tonneau se massaient au bar du Plateau, comme le fera un nouveau contingent ce 18 janvier 2025 dans cet estaminet du quartier haut. Parmi elles, un philosophe, un pointu, un rappeur, un sauveteur en mer, quelques pêcheurs, des artistes évidemment, des jouteurs, et un violoniste qui vient tout juste de nous gratifier d’un divin Ave Maria pour une messe d’adieu familiale. À propos de disparition… EN FÉVRIER, vous êtes-vous colleté Colette regarde ? Ce fut le titre d’un hommage rendu au musée Paul Valéry à l’écrivaine pour les 70 ans de sa disparition. Les Automn’Halles avaient offert, l’année précédente dans le même écrin, de belles lectures avinées pour les 150 ans de sa naissance. On trinqua à sa passion du vin et ses amuses-bouches épistolaires avec des vignerons. En parlant d’événement aviné… EN MARS, Des milliers de badauds imbibés prenaient en selfie ou à l’abordage la plus belle flotte jamais rassemblée le long de nos canaux et bassins. Les bittes d’amarrage se dandinaient le long des quais pour accueillir Escale à Sète. La mairie s’habillait d’un triptyque mural conçu par la Sehsser . Une façade devenue maritime mettait à l’honneur 3 navires emblématiques du port. Ils s’affichaient sur 3 unes adaptées d’un journal de l’âge d’or du port, Vigie de Cette . Et en point d’orgue de la fête des traditions maritimes, le Belem, qui connut toutes les vies, navire marchand, yacht de luxe anglais, navire école italien… Aujourd’hui porteur de la flamme olympique. Laquelle se ralluma… EN AVRIL. Le flambeau, en provenance de Millau, resta environ quatre heures sur notre territoire avant de mettre le cap sur la Métropole de Montpellier. L’Agglopôle souhaitait que la flamme traverse ses 14 communes mais seules Balaruc-les-Bains et Sète furent retenues par le Comité Olympique. 35 habitants du territoire, escortés par 18 runners, ont eu l’immense privilège de porter la flamme olympique et se relayèrent au cordeau, sur les 7 km de parcours. Parmi eux, deux figures sportives dominantes, Delphine Le Sausse et Simon Caselli. À propos de héros local… EN MAI, alors qu’il peaufinait son programme, le Festival du Livre de Sète accueillait Pierre Assouline à la Chapelle des Pénitents. L’auteur du Nageur (Gallimard) revenait sur une trajectoire des plus emblématiques de l’histoire du sport français. Celle d’Alfred Nakache, champion du monde du 200 m brasse papillon, qui participa aux JO de Berlin en 1936 comme à ceux de Londres en 1948. Alfred Nakache est mort en 1983 dans sa chère Méditerranée. Il est enterré dans le carré juif du cimetière Le Py à Sète. Replongeons dans cette période sanglante avec… EN JUIN, couvant des yeux les côtes normandes, notre pays célébrait les 80 ans de la libération. Sète et le Bassin de Thau devaient lui taper sur l’épaule pour remettre les pendules à l’heure provençale. Lui rappeler que la zone libre ne le fut qu’un temps, et qu’un autre débarquement joua un rôle déterminant. La façade municipale à peine déshabillée allait devoir se coller une série d’affiches sur l’occupation allemande, les destructions du port et la libération. Des dazibaos historiques placardés pour des piétons médusés, horrifiés, rassérénés quand… EN JUILLET, une calligraphe japonaise, Yuka Matsui, se demanda à quoi rêve le mont Saint-Clair . À l’échappée belle ? où elle tapissait les murs de ses papiers washi encrés dans ses fantasmes de Fuji ? Frank Stella venait de rejoindre les étoiles en ayant mis la dernière main à ses recent works exposés à Pouzilhac. Formaliste d'une sévérité calviniste, il insistait sur le fait que ce que vous voyez est ce que vous voyez — une formulation devenue devise officieuse du mouvement minimaliste. Tout le contraire d’une marée réapparue 100 ans plus tard… EN AOÛT, à Paris, les jeux olympiques, ouverts depuis quelques jours sous la pluie, s’escrimaient à rassurer une population sur le qui vive. Les efforts déployés en banlieues étaient récompensés, nos forbans remportaient l’or en breakedance, nouveau déhanchement olympique. Plus au sud, tout en bas, après le bourdonnement olympique, venait le temps du lourd et du proverbial. Place aux JOutes olympiennes et leurs anneaux bleu et rouge. La fête de la Saint-Louis attaquait la lance sous le bras sa 280e édition. Une place du Pouffre survoltée sonnait le branle-bas et sortait de leur moite torpeur les moins attentifs de ses fidèles. Charpenté comme une catalane, ce programme 2024, où l’homérique le disputa à l’insolite, était bâti à grand renfort de défilés, de musiques, d’animations, avec en étrave, 4 jours de joutes dans un Cadre plus Royal que jamais. Quand on parle de retour… EN SEPTEMBRE, revoici La Pointe courte tournée il y a 70 ans ! Un festival à taille humaine si l’on prend pour mètre étalon celle à qui cette kermesse était dédiée. Me revoilà nous fait signe Agnès Varda à travers une sélection de films signés de la cinéaste, artiste visuelle… et photographe avec une exposition de clichés inédits de ses tournages sur l’île singulière. À découvrir dans la traverse des Pêcheurs pendant le festival. Quelques jours plus tard, les Automn’Halles fêtaient leur 15e édition avec un plateau aussi copieux qu’éclectique. Sautant du musée Paul Valéry à la médiathèque, du Réservoir au Miam… Et posant la place (du Pouffre) au centre du village, avec ses éditeurs et auteurs locaux. Avec en écho, les airs de flamenco d’un festival ibérique en place Victor Hugo. Lequel devait goûter l’événement depuis son Panthéon en pensant à sa gitane Esméralda et… EN OCTOBRE, à son fidèle Paul Valéry. Dont les Journées au musée éponyme étaient consacrées à la génération surréaliste. Ai-je été assez dada ! s’exclamait le poète, moins classique, plus transgressif qu’il n’y paraît. Ce fut l’objet d’une conférence parmi d’autres, sur celui qui fascina le jeune André Breton, âgé de 18 ans quand il le rencontra. Son “Rimbaud” avait tourné le dos à la muse poétique depuis plus de vingt ans avant de le trahir pour une Jeune Parque… À un jet de muse de là, un hommage à Joseph-Pascal Repetto, Maître Charpentier de Marine était justement rendu au musée de la Mer. La création de maquettes de bateaux était son autre passion. Il présenta trois maquettes au difficile concours des Meilleurs Ouvriers de France et fait inouï, il obtint trois fois les prestigieux titres en 1936, 1939 et 1949 ! Une période commémorée… EN NOVEMBRE, pour les 80 ans de la Libération de Sète et du Bassin de Thau, vous avez eu les photographies de notre Chemin de Mémoire en 16 étapes , le long des quais de Sète. Pour le XIXe Samedi de l’Histoire, ce fut une conférence animée par la Sehsser le 16, et une exposition, jusqu’au 1er décembre, d’une collection de clichés historiques sous l’occupation allemande. Un événement dans les entrailles du fort Saint-Pierre devenu théâtre de la Mer quand la poudre cessa de parler et qu’il fut restauré. Plus précisément dans la salle Tarbouriech, nommée en hommage au jeune résistant sétois Maurice Tarbouriech, mort en déportation avec ses camarades du groupe-Franc Combat. Pour parachever cette année mémorielle, un ouvrage est édité par la Sehsser : 1942-1944 De l’Occupation à la Libération de Sète et du Bassin de Thau . Un livre qui en précède un autre, édité également par Audasud… EN DÉCEMBRE paraissait le Grand Livre des Joutes de 1900 à 1951, les palmarès de la Saint-Louis et des tournois régionaux . Un portfolio commémoratif de la 280e édition de la Saint-Louis. Un écrin noir aux silhouettes de jouteurs vernies fabriqué en édition limitée. En 1960, peu après la mort du grand jouteur Vincent Cianni, Clémenceau Terme, appariteur-chef de la mairie de Sète, offrait à Nicolas Cianni, son fils, ses sublimes registres personnels. Ils furent légués plus tard à Jean-Louis Cianni, petit-fils de l’homme aux 100 victoires. Ces annales des joutes de 1900 à 1951 étaient consignées avec une dévotion et une graphie magistrales que n’aurait pas renié le réappariteur des Faits divers à Cette , Christian Lagarde, édités par L’An Demain sous l’égide de la Sehsser . Ni le marathonien des croquis de sa ville, Topolino, coincé en pleine séance de dédicaces illustrées pour la sortie, chez l’éditeur du conte Ceci n’est pas une pipe , un livre écrit par Alice Lugand, prête-plume d’un goéland fureteur. Il est clair que cette année devait se terminer. Nous attendions avec impatience le réveillon du Nouvel An – lorsque, selon une tradition bien-aimée, un million de fêtards se tamponnent sur les Champs-Élysées pour dire au revoir à 2024 et accueillir 2025. Nous aimons penser que ce soir-là, alors que s'égrenaient les secondes et que s’illuminait l’Arc de Triomphe, celles et ceux qui le regarderont seront tous unis, ne serait-ce que pour un instant, par un espoir commun, que 2025 soit une meilleure année. Comment pourrait-il en être autrement ? Essayez donc de ne pas y penser… en écoutant des vœux présidencieux prononcés depuis l’ambassade de France à Paris.
par Jean-Renaud Cuaz 29 décembre 2024
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS MÉRIDIONAUX Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 12 décembre 2024
MAESTROS DE LA LANCE Les joutes cettoises ont accompagné l’évolution de la ville-port depuis 1666 , pour devenir la bravade sétoise que nous célébrons avec une immuable ferveur. Du grandiose fait d’armes d’Aubenque le Terrible arrêtant net la barque lancée par ses rameurs contre le premier-né en bois de nos ponts, aux neuf triomphes de Vincent Cianni, l’homme aux cent victoires , tutoyant d’une passe le palmarès de l’intombable Louis Vaillé, des fêtes de quartiers et de sociétés de joutes à l’ultime trophée aoûtien, les joutes de la Saint-Louis sont élevées ici au statut de cathédrale nautique récurrente, reléguant notre décanale au rang d’édicule. Certes, avant de poser l’ancre à Sète, les joutes ont pavoisé sur le pourtour languedocien. Aigues-Mortes, Agde et Frontignan l’ont précédée… parce qu’il fallut attendre bêtement que le chevalier de Clerville et Pierre-Paul Riquet construisent un débouché méditerranéen à leur canal du Midi. Mariés, tenez-vous bien, voici la jeunesse qui arrive ! Cette joviale mise en garde accompagnait l’air joué au moment de la charge des jouteurs arc-boutés sur leur tintaine. Une rivalité fondée sur l’état civil et la couleur des deux barques, bleu pour les célibataires, rouge pour les mariés. Avant que les tournois ne s’ouvrent aux demoiselles et aux dames, on compensa ce sectarisme par des prénoms féminins donnés aux barques : Mathilde, Véronique, Fanny, Blanche… Question d’équilibre, là aussi. Il fallut attendre le 30 août 1891 pour voir ce privilège jeté à l’eau par deux Cettoises, les soeurs Élise et Anna Sellier. Et le 18 août 2022 , pour voir naître le premier tournoi féminin de la Saint-Louis, après deux années de réflexion sans joutes, dues à une pandémie dévastatrice, mais somme toute salutaire. Cette année, le lundi de la Saint-Louis a vécu la 280e édition du plus ancien trophée, distançant celui de l’America’s Cup de quelques bordées. La Sehsser (Société d’études historiques et scientifiques de Sète et sa région), après l'édition de son Portfolio commémoratif des 350 ans de notre cité, a le plaisir de collaborer avec Jean-Louis Cianni pour son Grand Livre des Joutes et de lui apporter un soutien logistique. Au nom de la Sehsser , en tant qu'éditeur, je ne peux que souhaiter à cet ouvrage ainsi qu’aux prochains Maestros et Maestras de la Lance, selon l’expression, de « faire beau ». Ce sera leur plus belle récompense. Le Grand Livre des Joutes Un portfolio commémoratif édité avec l’appui de la Sehsser (Société d’études historiques et scientifiques de Sète et sa région) à partir des registres de Clémenceau Terme, appariteur à la mairie remis au père de l’écrivain Jean-Louis Cianni. Un livret et 18 feuillets retracent l’histoire des joutes de la Saint-Louis et des tournois régionaux. Auteurs : Jean-Louis Cianni & Jean-Renaud Cuaz 30 € | ISBN : 9-782487-131217 Format portfolio : 21,7 x 30 cm Format livret : 21 x 299,7 cm | 68 pages 16 feuillets A4 et 2 feuillets 3-volets 3xA4 En librairie, points de presse et sur audasud.fr
par Jean-Renaud Cuaz 26 novembre 2024
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS MÉRIDIONAUX Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 24 novembre 2024
SOUVENIRS DE LA PLAGE DU KURSAAL… Où de radieux bains de mer font place, le soir venu, à de sombres règlements de comptes… Avant son compte rendu et sa propagation, le fait divers concerne d’abord des individus réels confrontés à un drame réel. Qu’il soit relaté dans les journaux d’époque ou consigné à la plume par de méticuleux appariteurs, il devient, dans cet âge d’or du port de Cette (fin XIXe siècle - début XXe), un fait de société quand les ingrédients sont réunis : une activité portuaire dans une période coloniale, de grandes vagues d’immigrations et leur cohorte de couche-vétus, des rues coupe-gorges où l’on réglait les différents plus ou moins identiquement, des bars ornés de filles aux moeurs canailles, une garnison de têtes brûlées armées de baïonnettes et goulûment avinées… Car, dans le cadre de sa politique sur les libertés publiques, la Troisième République triomphante facilita à l’extrême l’ouverture des débits de boissons (loi du 17 juillet 1880 ). Nul doute que toutes ces composantes se soient allègrement coagulées pour alimenter la fertile rubrique des faits divers cettois. Si, de nos jours, il était encore utile de rappeler que la vie ne tient qu’à un fil, Christian Lagarde nous le souligne avec talent dans ses Faits divers à Cette , d’une écriture limpide et fidèle aux codes journalistiques des chroniques d’alors. À la clé, une kyrielle de funestes démêlés mâtinée d’ubuesques accidents domestiques, le tout couronné de procès expédiés en un tournemain. À l’issue desquels une ligne maritime Cette-Cayenne devait fonctionner à plein régime… Ces faits divers sont aussi une mine d’or, tant sociologique qu’historique, qui amena la Sehsser (Société d’études historiques et scientifiques de Sète et sa région) à s’associer, par son fonds de documents historiques, aux recherches de Christian Lagarde. Membre de la Sehsser , l’auteur fait porter au lecteur un regard contemporain sur des sujets de société—avortement, féminicide, infanticide—d’hier… et d’aujourd’hui. Il nous fait saisir, avec justesse, le portrait d’une époque, d’un milieu, de lieux et patronymes familiers, à un jet de pierre de notre temps. Si le sociologue Pierre Bourdieu assimilait les faits divers à des faits qui servent à faire diversion pour raconter un climat politique —il forgea le concept de faits-diversions à la fin des années 1990 —ils sont surtout une source inépuisable pour la littérature et le cinéma. Quant au risque qu’ils portent un grave préjudice au bon renom de notre ville, considérons cette menace comme une affaire classée sans suite. Faits divers à Cette par Christian Lagarde 20€ | 256 pages En librairie, points de presse et sur Landemain.fr
par Jean-Renaud Cuaz 30 octobre 2024
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS MÉRIDIONAUX Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 29 octobre 2024
Alain Rizzolo jette lʼancre à Sète en 1970 . Le Provençal né 32 ans plus tôt nʼaura aucun mal à sʼacclimater sur lʼîle singulière. Les origines italiennes de son père ont certainement participé à en faire un Sétois passionné par la vie culturelle de son port dʼattache. Par la vie politique aussi. Ancien attaché parlementaire de Jean Lacombe et adjoint à la culture avec lʼéquipe municipale de François Liberti, sa vie est faite dʼengagements pour sa cité. Un engagement respectueux du travail de ses prédécesseurs. Cʼest sans doute son attachement aux peintres du dimanche et aux théâtres amateurs qui le rend affable et altruiste. Aux premiers, il fournit une salle rue du 11 novembre, les affiches et lʼapéritif des vernissages. Il sʼétait dit que les sportifs du dimanche avaient bien un stade mis à disposition par la mairie. Certes, voir 350 peintres dominicaux exposer à tour de rôle et entendre leur ange gardien les accueillir régulièrement par un discours—brossé à larges touches dʼempathie—devait faire hérisser quelques poils de pinceaux professionnels. Il sʼen moque comme de sa première piquette. Quant aux seconds, les théâtres amateurs, il met à leur disposition le plus beau des écrins, le théâtre de la mer. En charge du financement des associations, il sʼappuiera sur ce formidable levier pour faire naître quelques festivals—Fiesta Latina, Jazz à Sète...—qui allaient mettre Sète sur orbite parmi les grandes destinations musicales. Et cʼest en toute modestie teintée dʼanxiété quʼil porte à bout de bras un projet de musée du même acabit. Approché par Hervé Di Rosa, il doit se faire expliquer le concept dʼart modeste pour ensuite proposer au conseil municipal un musée international logeant une collection de cadeaux Bonux et autres babioles—plus de 700 000 —accumulées par un fou furieux depuis 50 ans. Le MIAM ouvre ses portes dʼancien chai à un car de vétérans qui fondent en larme à la vue de ces reliques chargées dʼhistoires banales, et fera dire à leurs initiateurs quʼils ont gagné haut la main leur pari. La définition de lʼart de vivre selon Alain Rizzolo se résume à écrire et peindre. Pour moi et pour les gens que j’aime. Ils viennent, ils se servent et ils sʼen vont , disait celui qui ne se considère pas écrivain . Il est quelquʼun à qui il arrive dʼécrire . Ses premiers ouvrages et toiles se vendaient déjà très bien lorsquʼil tenait le cordon de la bourse des associations sétoises. Il pouvait en ce temps-là compter sur dʼinnombrables flatteurs dans une ville qui compte autant dʼassociations que de recettes de la macaronade. En 2021 , avec son roman Lʼhomme-phare , Alain Rizzolo donne corps à une promesse faite à un vieux Valrassien. Quarante ans plus tôt, en 1981 , Valras fêtait officiellement ses 50 ans—le port appartenait à Sérignan jusquʼen 1931 —par un film télévisé, Les Mémoires du Temps , dont Alain Rizzolo écrivit les dialogues. Il rencontra, pour ses recherches historiques, un très vieux résident de la cité portuaire qui lʼinvita chez lui. Sur la cheminée, trônait une aussi vétuste lampe tempête qui intrigua le visiteur. Elle appartenait au grand-père italien du vieil homme qui fut heureux de lui raconter son origine. Venu de Cetara, au sud de lʼItalie, en barque à voile avec femme et enfants, il accosta à lʼembouchure de lʼorb pour sʼy établir. À cet endroit, le courant fait régulièrement mouvoir le fond sableux. Pour éviter lʼensablement des bateaux-bœufs et contre une caisse de poissons, lʼItalien ficelait une lampe tempête sur sa tête et avançait lentement devant la proue, en été comme dans lʼobscurité hivernale, pour jauger la profondeur. Une nuit quʼil guidait les pêcheurs malgré une pneumonie, il disparut sous lʼeau. On retrouva plus tard sa lampe tempête. Alain Rizzolo, à qui il est arrivé cette année dʼécrire un recueil de nouvelles, lʼa intitulé Les terrasses de Sperlonga , titre du dernier des sept récits dédié à sa fille Véronique. Le premier suit le vertigineux voyage dʼun galet couleur jour de neige au fil de lʼeau et du temps. Le dernier évoque un autre voyage sur la grande bleue chère à lʼauteur, celui de Leonardo sur sa barque de pêcheur et son escale à Sperlonga, dʼoù il entend, après avoir remis la voile, une voix lui crier : « Étranger ! je tʼai menti... Le plus court chemin dʼun point à un autre, même sur la mer, cʼest pas la ligne droite, cʼest une journée de bonheur ! » Alain Rizzolo est du même tonneau que nos redoutes, sentinelles plantées sur nos rivages, dont la pierre rongée par le sel reste solidement ancrée dans le sable. Un gardien dépositaire de la mémoire du monde, le regard scrutant lʼhorizon. Il me disait, lors de mes visites chez lui, qu’ on ne renie pas les 30 premières années de sa vie . On évoqua la genèse du Chagrin de Minos et sa vie camarguaise, alors âgé de 20 ans. C'est sans doute vrai aussi pour celle du jeune Gaspard de son dernier ouvrage, Le génocide des hannetons . Une belle histoire de quelqu’un à qui il arrive d’écrire mais qui a découvert très tôt le pouvoir de l’écriture. Comme Gaspard… Nous avions convenu récemment de republier ce Chagrin de Minos en français et en provençal à l’occasion des fêtes des Saintes-Maries-de-la-Mer. Une langue et une culture que le plus provençal des Sétois avait chevillées au cœur. J’attendais de recevoir cette version d’un traducteur pour lui montrer la maquette. Dans l’espoir de le faire lire le plus et le plus loin possible. Ce chagrin viendra un jour, après le nôtre.
par Jean-Renaud Cuaz 28 septembre 2024
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS MÉRIDIONAUX Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
par Jean-Renaud Cuaz 22 septembre 2024
3e FESTIVAL AGNÈS VARDA - Me revoilà La cinéaste Agnès Varda, décédée — mais pas disparue puisque la revoilà — en 2019 à l’âge de 90 ans, était si vénérée de son vivant que sa dernière décennie fut une longue parade d’honneurs (Saint-Louis 2017), de récompenses (Oscar 2017), d’interviews, de rétrospectives… Non ! Non ! Ça suffit ! Je ne suis pas une religion. Je suis encore vivante ! lançait-elle sur scène, à la bienveillante vindicte populaire. Son père avait breveté en Belgique un type de grue industrielle. Devenu riche, tout l’oppose à sa fille Agnès. D’accord sur rien, elle le frustre, il la déçoit. Sa mère, cependant, pressent une graine de créativité. Elle met en gage un bijou, lorsqu’Agnès manifeste son intérêt pour la photo, et lui achète un Rolleiflex, appareil bi-objectif allemand haut de gamme. C’est l’œil de la photographe qui échafaude les plans de La Pointe courte. Emboîtant les portraits statufiés dans des décors purgés de tout artifice théâtral. Sans trop se soucier des dialogues. Ils seront ajoutés au montage avec l’aide d’Alain Resnais qui prête son matériel. Ses films, à peine scénarisés, s’ils le furent vraiment, comptaient plutôt sur des incidents de parcours pour improviser. C’est dans la photographie que son œuvre de cinéaste et d’artiste visuelle puise son énergie. Une œuvre singulière, à la fois personnelle et ouverte aux autres, certains autres aimait-elle dire. 80 BALAIS Pour ses 80 ans, Agnès Varda reçoit de ses amis… 80 balais et balayettes pour autant de printemps déblayeurs. Elle ne résistera pas à la tentation de se retourner pour filmer son autobiographie et passer des coups de balai sur ses jeunes années. LE BONHEUR EST DANS LA POINTE Premier film en couleur d’Agnès Varda, Le Bonheur fit scandale lors de sa sortie en 1965 et fut interdit aux moins de 18 ans. Il remporte le prix Louis Delluc et ramène du Festival de Berlin l’Ours d’argent. Deux œuvres de Mozart accompagne Le Bonheur . Un choix qu’Agnès Varda justifia en déclarant avoir voulu représenter une certaine idée du bonheur, comme la musique séduisante de Mozart qui pourtant pince le cœur . Un jeu de piste ludique et jubilatoire au goût aigre-doux. Au casting, la famille Drouot (Jean-Claude, Claire, Olivier, Sandrine) et l’exquise Marie-France Boyer. LES RACINES D’AGNÈS Avec Les Créatures (1966), Agnès Varda offre un drame fantastique opposant Michel Piccoli, Catherine Deneuve et une multitude de sources d’inspiration qu’elle s’évertue tout de go à combiner avec talent pour filmer son histoire. Quarante ans plus tard, la cinéaste, devenue artiste visuelle (terme qu’elle préférait à plasticienne), présente une installation, la Cabane du cinéma (initialement nommée La cabane de l’échec , en référence à la sortie du film), à partir de pellicules du tournage des Créatures, dans un effort d’épaissir leur présence dans son œuvre cinématographique. L'installation fait une subtile apparition dans le documentaire Les Plages d'Agnès (2008). Si on ouvrait des gens, on trouverait des paysages. Si on m'ouvrait moi, on trouverait des plages , raconte Agnès Varda dans la première partie du film autobiographique, en médecin légiste imaginaire. Le scalpel qu’elle manie avec talent nous fait découvrir ses thèmes de prédilection, la mer, ses rivages et la confrontation de l’image fixe avec l’image mobile. Pour ce long métrage tourné entre août 2006 et juin 2008, Agnès redécouvre sa maison natale d’Ixelles et recrée à Sète la maison flottante familiale. Elle arpente la plage de la Corniche et de Noirmoutier, celles de la Belgique natale, Knokke-le-Zoute et La Panne, jusqu’à Los Angeles. Poussant le bouchon plus loin, elle alla jusqu’à créer chez elle, rue Daguerre, une Daguerre-Plage entre sa maison de production Ciné-Tamaris et la salle de montage, déversant 6 bennes de sable fin sur le bitume. Après le générique de fin, dans l’esprit Attendez, ne partez pas ! Agnès ajouta une scène non prévue : on y voit son équipe lui fêter ses 80 ans. Une séquence montée avec quelques plans volés aux copains et avec leurs photos , confiait l’éternelle glaneuse. FESTIVAL AGNÈS VARDA – 3e ÉDITION DU 19 AU 22 SEPT. 2024 EXPO PHOTOS de 14h à 19h Traverse des Pêcheurs de la Pointe Courte
par Jean-Renaud Cuaz 29 août 2024
LES RENDEZ-VOUS CULTURELS MÉRIDIONAUX Rencontrer, voir, lire, écouter et ne rien rater dans les semaines à venir
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