Pour cette nouvelle brochette de Figures Singulières, Laurent Cachard a remis une pièce dans la machine. Sa plume s’est alors mise en branle. L’auteur lui se pose en authentique buvard de la société sétoise, en absorbe avec jubilation ses taches, ses mérites. En quelques formules, ses aspérités, sans céder aux circonlocutions. Et là aussi, en filigrane, ses impressions intérieures. En demi-teinte, des empreintes croix-roussiennes du même bois que notre croix languedocienne.
Ces nouvelles figures composent un singulier kaléidoscope. Vous les fréquentez, les croisez aux Halles, les devinez au faciès sans les connaître. Les voilà toutes et tous à nu. Vous rouscaillez de ne toujours pas y figurer ? Qui sait, l’un d’eux, au détour d’une page, vous a sans doute flatté ou brocardé. Il vous reste à vous jeter, l’angoisse au ventre, sur la liste en fin d’ouvrage des 384 noms cités.
Dosée à point comme la première, généreuse, une portion douce pour deux épicées, cette nouvelle lampée révèle l’envers du décor d’une ville-carte postale, aux multiples identités visibles qu’on finit par lisser, unifier. En morceaux choisis, des quartiers différents, quoique rapprochés, une identité forte et un chauvinisme certain, à commencer par ceux qui n’étaient jamais allés ailleurs. Et en supplément, une Macaronade de Guignol sauce lyonnaise, un sabir des plus obscurs pour qui vit en dessous de ces latitudes, mais qui chante un même art de vivre sous une pareille bouffonnerie. Vous reprendrez bien une louche !
Jean-Renaud Cuaz